Ne laisser que l'empreinte de nos pas...

Phan Rang, c'est vraiment la province reculée, un peu comme Đồng Hới. C'est tout petit, on a vite fait le tour, et y'a pas beaucoup de restos où manger parce que les gens mangent plus fréquemment chez eux. Il y a bien sûr plein de restos de rue mais que l'on a pas vraiment fréquentés. Par contre, on a repéré deux vraiment très sympa, avec une bonne cuisine familiale plus ou moins soignée. Mais à force de venir aux mêmes, les gens nous reconnaissent et nous accueillent avec sourrire. Par exemple, y'a cette dame qui sourrit pas vraiment mais qui, au bout de notre seconde venue, a compris qu'il fallait servir des verres avec glaçon pour moi et sans glaçon pour maman. Ce midi, pareil, elle a posé les deux verres sur la table, un avec glace, l'autre sans. C'est chez dame que l'on a mangé les meilleurs plats : petits poissons en friture (qui ressemble à des poissons d'aquarium), chả giò (nem) au crabe, brochette de boeuf... Néanmoins, cette brave dame qui esquisse à peine un sourrire se montre impitoyable avec ses employés. Hier, elle a viré devant nous une jeune employée, apparemment parce qu'elle était arrivée en retard (mais y'a sûrement d'autres raisons), et qui est sortie du resto, en même temps que nous, et en pleurant.

La province de Ninh Thuận, dont la capitale est Phan Rang, est l'une des plus chaudes du Việt Nam, à cause des montagnes qui stoppent vents et pluies. Le premier jour de notre arrivée, après un petit tour en moto, j'étais déjà bien rouge. Du coup, les jours d'après, j'ai mis une chemise à manche longue !! Il fait donc tellement chaud qu'entre 11h et 15h, là où ça tape le plus, y'a plus grand monde dans les rues. Hier, où il y a eu une panne générale d'électricité dans toute la ville du petit matin jusqu'à 17 heures, l'heure du midi était encore plus déserte puisque de nombreuses boutiques avaient fermé leurs portes.

La province de Ninh Thuận et celle voisine de Bình Thuận sont les deux où vivent encore les descendants du Champa, les fameux Cham !! Dans les autres provinces du Centre, ils ont été soit chassés par les Việt, soit asimilés. Quant à ceux du delta vivant à la frontière du Cambodge, ils s'y sont installés après avoir été chassés du Cambodge où ils étaient venus après s'être enfuis du Việt Nam. Il y a plus de Cham vivant hors de leur ancien pays que dans l'ancien Champa !!!

J'étais déjà venus ici l'année dernière, pour une fête cham, la fête du Katê. Pour les plus courageux, vous pouvez retrouver mes notes de l'année dernière. Dans le coin, il y a trois sites où se trouvent des sanctuaires cham, bien plus modestes qu'à Angkor !! Mais que ce soit dans l'ancien Cambodge ou au Champa, l'influence culturelle et architecturale de l'Inde est bien présente. Le premier site est Yang Bakran (Hoa Lai) où se trouvent deux tours (sur trois) parmi les plus anciennes du Việt Nam. Ensuite, il y a Po Romé, dans la campagne, isolée en haut de sa colline où nous sommes allés. Enfin, le plus connu des sanctuaires est Po Klaong Garai.

Les tours de Po Klaong Garai

Ces tours sont les plus récentes et le fait que les Cham s'en servent toujours comme lieu de culte a permis qu'elle soit encore en bon état. Elles ont été reconstruites par le roi Po Klaong Garai sur le site probable d'un ancien temple dont il a conservé le linga. Celui-ci est recouvert d'une sorte de coiffe, à l'effigie du souverain.

Aujourd'hui, les Việt en ont fait un site touristique marchand puisqu'en bas de la colline a été construit l'année dernière un grand bâtiment de style néo cham où l'on peut acheter quelques objets "traditionnels" comme des tissages et des poteries. De l'autre côté de la colline ont été reconstituées quelques maisons "typiques" cham. Du haut de cette colline, on devine l'ancienne base américaine où se trouvait un important aéroport militaire. Sur les collines voisines se trouvent un bunker et un château d'eau construits par les Américains et les Français.

Touristes en pose et Terrain de jeux pour jeunes collégiens


Le boeuf Nandin surveillant le linga du roi Po Klaong Garai


Le roi des Cham (J'ai retiré mes chaussures avant de rentrer) et reine mère (C'est ça son royaume ? )

On a un peu vadrouillé dans les environs, à moto, pour voir les paysages de la province qui offre une grande variété d'ensembles naturels. Les rizières sont irriguées grâce à un réseau de canaux permettant d'emmener de l'eau pour les cultures dans des secteurs assez secs. Il y a également plusieurs petites montagnes pleine de rochers, sur lesquelles se dressaient avant des bois que les Việt ont fait arrasés il y a longtemps. Depuis, la végétation a repoussé mais du fait de la chaleur, il ne s'agit sûrement plus des mêmes espèces qu'autrefois. Et puis bien sûr, il y a la longue côte maritime avec des plages plus ou moins belles et plus ou moins fréquentées. Certaines servent à l'élevage des crevettes !

Plage populaire


Une vraie routarde ! (Le premier jour les bras sont découverts, les jours d'après ils sont couverts !!!)


Élevage de crevettes et Élevage de vaches

Un des éléments naturels particuliers à la province sont les dunes de Nam Cương appelées, autrefois par les Français, comme le désert annamite. Des brochures les décrivent comme donnant l'impression d'être en Afrique. Poussé par la curiosité d'aller les voir, j'ai donc proposé à maman d'y aller. Armés d'une carte photocopiée à l'EFEO, nous sommes partis vers là où nous pensions les trouver hier matin. Après avoir emprunté des chemins de sable qui succèdent à des voies goudronnées ou bétonnées, après avoir emprunté des chemins truffés de nids de poule qui succèdent à des voies en relatif bon état, après avoir failli écraser un crabe de terre, après avoir probablement écrasé un petit serpent vert (à moins qu'il ait eu le temps de s'enfuir), nous sommes arrivés en haut d'une côte d'on on voyait la mer... Mais point de dune. Enfin, si, on les voyait à gauche, mais rien pour y accéder.

Du coup, nous avons retenté notre chance ce matin, en essayant d'écouter les conseils du loueur de moto. Côté chemin, il suffit de lire le paragraphe précédent pour savoir sur quoi on a conduit. On a, au début, un peu tourné autour du pot puisqu'hier on était trop bas, et là trop haut. Donc on a repris un autre chemin où on a enfin pu accéder à des dunes ! Certes modestes et bien moins spectaculaires que sur les plaquettes, mais malgré tout assez belles. De toute manière, pour bien les visiter, il aurait fallu poser la moto quelque part et continuer à pied. En tout cas, les dunes présentent deux couleurs, d'un côté elles sont en sable rouge, de l'autre en sable blanc. Au moins, nos péripéties nous auront permis de voir ce qu'on voulait, même si, c'est sûr, on est pas allé jusqu'au bout...

Les dunes de Nam Cương


Paris > Phan Rang > Dakar


Fleurs bleues et Fleur jaune (hoa vàng)


Ne laisser que l'emprunte de nos pas

Ce soir, nous rentrons à Hồ Chí Minh Ville pour notre dernière semaine de vacances, pour magasiner et voir un peu la famille.