Si c'est pas de l'immersion dans la societe vietnamienne, ca !!!!!!!!!!
Jeudi matin, vers 8h30, mamy, les
tantes 12 et 17, l’oncle 12, sont venus nous chercher en minibus,
direction Cho Gao, enfin, la terre promise !
Dans ce decor surnaturel si on le compare a l’agitation sans fin de
Ho Chi Minh Ville, rien ne change, ni les tantes, ni la maison, ni les
environs. Le temps de la campagne n’est pas celui de la ville, et celui
des vieilles tantes pas celui des jeunes non plus. Mais qu’importe,
c’est vraiment ici que commencent nos vacances puisque nos activites
sont proches du zero. Par activite, je retire les gestes quotidients
lies a l’hygiene et a l’alimentation. Et si le luxe c’etait ne rien
faire ?
Le lit tout d’abord, une grande table, sur laquelle on a pose un
matelas tout neuf et au dessus de laquelle se dresse l’indispensable
moustiquaire, dans un coin de la grande salle ou tronent autel des
ancetres, tele, et lecteur DVD/VCD/MP3, seul intrus de la societe
moderne qui crie, quand l’oncle s’en amuse, a toute heure, des chansons
vietnamiennes dignes des karaokes du treizieme arrondissement, que les
petits chanteurs a la croix de bois de Star Academy et de Popostars
reunis n’ont rien a envie.
Les journees defilent sans que vraiment le lendemain tranche avec
la veille. Le reveil est tot puisqu’il arrive avec le lever du soleil,
entre 5 et 6h et, alors que nous emmergeons assez difficilement, la
maison deja commence a connaitre un debut d’activite avec l’ouverture
de tous les volets et les portes, l’oncle qui allume la tele et les
tantes, un peu partout, mais surtout aux cuisines, qui commencent a
preparer les repas. Celui du matin est constitue de fruits, en general
(ananas parfumes, petites bananes du jardin) et, grace a notre arrive,
des banh ech (banh = gateau, ech = grenouille, donc des gateaux en
forme de crapauds, les vietnamiens ayant cette faculte de nommer leurs
plats, et notamment les gateaux, par des association d’idees, ainsi le
connu banh bao, parfois appele brioche vietnamienne est la reunion des
mots gateau et enveloppe) prepares tout specialement par les tantes. Le
banh ech est une sorte de riz gluant enveloppe d’une pate encore plus
gluante. Il y en a deux sortes, une moins sucre (prefere par Marie) et
l’autre, plus sucre, avec des cacahuetes en plus (le mien !). Et petite
fantaisie pour nous, les francais, du the !
En general, on se leve tout seul, le soleil aidant egalement. Marie
a eu Jeudi matin un reveil plus brutal que moi, du a une oie plus
criarde que d’habitude. Elle m’a sorti un “le bordel que ca fout une
oie” qui m’a bien fait rire et que je m’oblige a retranscrire ici :o)
Ceci fait, il faut attendre le repas du midi qui a lieu vers les
10h30, ce qui pourrait correspondre a la pause cafe francaise, mais vu
l’ecart avec le petit dej de 5h30-6h, correspond bien a un vrai repas !
La preparation des repas est une tache qui prend beaucoup de temps et
qui occupe pas mal les tantes. Ces quelques jours passes a Cho Gao,
nous aurons pu deguste du thi kho (thit = viande, kho = sale), du ca
kho (ca = poisson), du canh chua (canh = soupe, chua = acide,
delicieuse soupe avec plein de legumes dedans : tomates, tamarin, bach
ha, combo, soja…) et surtout plein de fruits, les memes que d’habitude
(ananas, bananes, fruits du dragon). En general, le soir, c’est la meme
chose avec quelques variantes.
Quand je dis le soir, c’est 17h30 ! Oui, le diner ici est a 17h30
et c’est d’autant moins perturbant qu’il fait quasiment tout noir
dehors. Et c’est donc tout naturellement a 21h00 qu’on va dormir. Faut
avouer que c’est un peu perturbant ces horaires quand on croit qu’il
est 4 heures de l’apres midi, il n’est en fait que midi a peine…
Bon, et entre les repas, on fait quoi ? Ben pas grand chose, en
verite. On bulle. On s’asseoit sur la terrasse avec nos bouquins,
d’ailleurs, acheves jeudi a-m. Parfois les tantes nous apportent une
petite collection (the, fruits...). On discute. On deambule dans la
maison, on regarde les tantes faire a manger, Marie fait la sieste
aussi (ca fatigue de ne rien faire). On visite le jardin.
Jeudi matin, on s’est quand meme accorde une petite balade, tous
les deux, a travers les rizieres de Cho Gao. On a un peu l’impression
de retrouver notre bocage breton ou quelques rangees d’arbres
utilitaires (bananiers, cocotiers, autres) tranchent avec l’horizon
plat et vert des champs de riz. Les maisons et cabanes sont sur les
bords des chemins sureleves au-dessus des rizieres inondees. Et
parfois, au beau milieu des champs trainent une ou un groupe de tombes,
de style moderne ou chinois (pour les plus anciennes). Dans les champs
pataugent quelques canards. Un petit groupe de femmes, coiffees du
chapeau chinois, achevent les derniers repiquages de riz. On en a aussi
profite pour aller au cimetiere familial, derriere la maison, avec une
partie tres impressionnante, de style chinois, pour nos lontains
ancetres, et un cote plus moderne pour les plus proches (arrieres
grand-pere et grand-mere, freres et soeurs de mamy).
Le cote aventurier consiste en fait a aller aux toilettes et a la
douche. Ces deux pieces sont en fait deux petits batiments annexes a la
maison. Ils sont, pour Marie, une reelle source d’inspiration qui
devraient faire l’objet d’une prochaine note :o)
On est rentre de Cho Gao samedi matin. Un car nous prend au bord de
la route et nous emmene jusqu’a Sai Gon. Le car nous a depose dans un
faubourg de la ville, le quartier d’An Lac pour etre precis, au niveau
de la gare routiere, juste en face de la maison de la tante 17.
Celle-ci nous a accompagne jusqu’a la ville car elle devait rentrer
chez elle. Le voyage a pris un peu de temps, car notre car etant vide
qund on l’a pris, s’est donc arrete un peu partout prendre des
passagers, soit avec un arret express ou le passager a a peine le temps
de monter que le car est deja parti, soit relativement longtemps, sans
qu’on sache vraiment pourquoi d’ailleurs, mais cela profitant a une
horde de petits vendeurs de sandwichs, de boissons dans des petits sacs
plastique et de billets de loterie qui envahissent le bus a peine
celui-ci arrete.
Pour rejoindre le marche de Ben Thanh, le coeur commercial de Ho
Chi Minh Ville, nous avons essaye le bus, grande nouveaute pour les
saigonnais en particulier, les vietnamiens en general. Bien qu’un
reseau de bus existait depuis toujours a Sai Gon et Ha Noi, ceux-ci
n’ont jamais ete tres developpes. Depuis un peu plus d’un an, les deux
municipalites se sont atttele a developper leur reseau, avec bus,
arrets, cartes de reseau… Le voyage ne coute que 1000 dong (1 euro = 17
000 dong) ce qui est un des arguments pour essayer de faire prendre le
bus aux viet. Des cartes d’abonnements semblent meme exister, une jeune
ecoliere en ayant presenter une a la controleuse !
A Ben Thanh , Lune et son mari sont venus nous chercher en moto et
nous ramener chez eux. On passera d’ailleurs une partie de l’apres-midi
chez eux, notamment a discuter et a regarder notre programme pour Buon
Me Thuot. On y va Lundi.
Vers 16h, Lune et son mari nous emmene jusqu’a la cathedrale et
repartent au moment ou la pluie se met a tomber. Une bonne pluie qui ne
s’arretera vraiment qu’ 19h passees. Marie et moi comptions faire un
petit tour dans le centre a la recherche de quelques achats dont nous
aurions besoin pour notre voyage. Mais le centre autour de l’hotel de
ville s’est specialise en produits touristiques, d’ou une certaine
banalisation des magasins et une frequentation inevitable par les
occidentaux, les japonais, les chinois, et les riches vietmaniens. Les
seuls viet qu’on peut croiser, outre quelques badauds et les clients
des magasins pas encore completement touristifies, mais ils sont rares,
sont ceux a qui profitent le tourisme (conducteur de motos-taxi).
Lorsque la pluie tombe, les vietnamiens, s’ils sont a pied,
s’arretent tous de faire ce qu’ils faisaient pour s’abriter dans les
echoppes ou sous les devantures des magasins. Quant aux plus nombreux,
ceux qui circulent a moto, soit lorsqu’ils conduisent, soit pendant une
petite pause, revetent tous leur ao mu (ao = vetement, mua = pluie0,
grand poncho en plastique qui, lorsqu’il est plie, forme un carre de 30
cm x 30 cm a peine, bien pratique pour etre range sous le siege de la
moto ou dans le petit panier devant le guidon. C’est etonnant de voir
comment cette societe s’adapte aux contraintes meteorolgiques liees a
la mousson.
Bien sur, il n’y a que les touristes pour se balader lorsqu’il
pleut, et encore plus lorsque ceux-ci ont des origines bretonnes. Marie
et moi errant ainsi dans la vie a la recherche des magasins ou du cafe
salvateur. On en trouvera un pas loin de la cathedrale ou l’on sirote
un jus de citron, en ecrivant sur nos petits carnets, nos impressions
du jour et ou, finalement, on se laisse tenter par du poulet frit avec
du riz.
Ainsi, lorsque la messe s’est acheve, nous avons rejoint Lune qui y
assistait. Elle nous propose de suivre le cour de chorale qu’elle
donne. On se retrouve dans l’eveche, dans une classe d’enfants, avec
des petites tables et des petits bancs (deja, un enfant c’est petit, un
viet, c’est loin d’etre grand, alors je vous laisse imaginer ce que
l’on a essaye de faire de nos jambes, Marie et moi, bien que nous
soyons loin d’etre des geants !!!!).
A 19h40, lorsque le cour s’acheve, Lune nous emmene aux 25 ans de
mariage d’un couple de la chorale de la cathedrale Notre Dame de Sai
Gon dont elle et son mari font partis. On arrive dans une salle un peu
select, avec serveurs et serveuses tout de blanc et noir vetus. La
deco, tres belle, est de style bambou (murs, lampes…). Au milieu de la
salle, un grand banquet presente un assortiment de plats vietnamiens et
occidentaux (viande a la broche, salade mexicaine, nem triangulaires,
petites tartes a la fraise, fruits…). Une musique disco des annees 60
comme ambiance sonore (genre cha cha et “mon petit bikini”). Et nous,
qui arrivons au milieu de tout ca, tels des ovnis, dans nos fringues de
randonneurs, completent trempes par la pluie, en tennis qui flop flop
quand on marche… Et tous les convives, bien habilles pour l’occasion,
qui nous regardent, nous, pauvres blancs…
Lune me montre a tous ses amis de la chorale de la cathedrale avec
qui elle est alle en Europe, il y a tout juste un an, pour une tournee,
et pendant laquelle j’avais assiste a toutes leurs representations
parisiennes. Beaucoup de visages me sont familiers et tous me
reconnaissent. Ils m’accueillent tous avec un enthousiasme vraiment
agreable. C’est flatteur. Mais c’est genant habille comme l’on est.
On assiste a une partie de la soiree, on mage bien sur, mais pas
longtemps, Lune est fatiguee. Vers 20h50, apres un tres beau paso-doble
des “maries”, on rentre a la maison, discuter et remanger…
Aujourd’hui Dimanche, derniere journee a Ho Chi Minh Ville. Demain,
on attaque vraiment notre parcours touristiques avec un depart matinal
pour les Hauts Plateaux du Centre.