La marchande de cacahuètes
Voilà une bonne semaine de travail qui s'achève. Đà Lạt, c'est fini pour le moment. Mais
j'y reviendrai car j'ai encore des archives à aller consulter. J'y suis arrivé lundi matin, avec
Florent. On a pris un avion très matinal, de toute manière il n'y avait que celui-là (6h30 du
matin). Réveil trèèèès matinal du coup. Un bel A320 nous attendait pour emmener sur les
Plateaux. Un petit déj frugal nous y a été servi, un petit pain rond avec un yaourt. En lisant le
journal dans l'avion, j'ai même appris que le vol Hà Nội - Đà Lạt venait tout juste très pourvu
en Airbus, en laissant au placard les vieux Foxer. Je vais pas me plaindre !!!
Il y a au moins 10° de différence avec Hà Nội. Pas question de bronzé ici. Le ciel est très
souvent couvert, et la température dépasse rarement les 25°. Elle doit avoisiner, en ce
moment, entre 20 et 25°. De plus, le climat est plutôt humide, ce qui rend difficile le séchage
des chaussettes dans la chambre :o) Cela ne m'étonne pas que les Français aient fondés la
ville, cela leur rappelait leur belle France et, surtout, leur permettait de s'échapper de la
fournaise saïgonnaise. D'ailleurs, il y a ici beaucoup de petites maisons laissées par les France,
d'un style architectural cité-jardin. Les Việt s'en inspirent parfois pour leurs nouvelles maisons.
Cela donne un beau catalogue urbain, d'ailleurs, avec ces grandes variétés de constructions :
de la petite villa à la maison haute kitschoune...
Ne dirait-on pas Saint Michel-Chef-Chef ou Cabourg ?
Ex maisons coloniales
J'adore ces deux maisons, je veux les mêmes !!!!
Mais Đà Lạt, c'est aussi ça !
Aller, je laisse là l'urbaniste parler. À l'étudiant de parler !
Comment s'organise une journée de travail ? Tout d'abord, il faut se lever vers 7h pour
être à 8h passées aux Archives. En fait, elles ouvrent à 7h30, mais bon... Vous avez compris,
quoi ?!!! Le petit déj, c'est un café pris en bas de l'hôtel. Dans lequel je trempe un petit
croissant việt acheté la veille. Ça ressemble pas au croissant de chez nous, mais c'est quand
même fort bon. Et pour 2000 đồng (0,09 €), pourquoi se priver ? En fait, je l'achète dans un
marchand de rue, ouvert que le soir, et où les gens viennent déguster, après le dîner, une
assiette de patisseries (croissants, gateau gluant vert et jaune comme fait mamy...). Donc, le
petit déj terminé, je prends un xe ôm qui m'emmène aux Archives.
La salle de lecture est en fait une salle de réunion, ouverte sur l'extérieur. Sur les murs
sont affichées plein de photos avec les gens du centre, ainsi que divers diplômes officiels. Au
fond, la télé et... le buste bienveillant d'Hồ Chí Minh devant un rideau rouge où sont accrochés
l'étoile jaune et la faucille et le marteau. Au-dessus, le fameux Đảng Cộng Sản Việt Nam Quang
Minh Môn Năm (Vive le Parti Communiste éternel du Việt Nam). C'est le même décor qui figure
d'ailleurs dans tout bâtiment officiel.
Le Centre National des Archives n° 4 de Đà Lạt
Donc là, je consulte les dossiers que j'ai repéré sur l'index. Điều, une employée du Centre
qui parle français, reste avec moi en permanence, pour me surveiller. Ce qui n'est pas gênant
puisqu'il s'agit d'archives nationales. De toute manière, elle est très gentille et on s'entend
bien. Donc je repère les dossiers que je veux voir, je rempli un formulaire que la Directrice
signe. Puis, le lendemaine, je les consulte. Il faut dire quand même que les gens du Centre
sont vraiment adorables et gentilles. Naturellement, probablement. Mais aussi parce que je suis
le premier étranger à venir ici, et la seconde personne dans la jeune vie du Centre. D'ailleurs,
la Directrice n'a pas manqué de me prendre en photo au travail :o) Donc, je disais que je
bénéficie d'un traitement particulier puisque je peux avoir les dossiers, disons, dans la journée,
alors que normalement, il faut attendre quelques jours. Une petite entorse au règlement...
comme il en existe dans toutes les administrations du monde et dont en bénéficient toutes les
personnes méritantes (je dis ça à la fois comme fonctionnaire en France et comme lecteur des
archives ici !!!). Et je suis tellement gentiiiiiiil que le vice-directeur est venu me voir tout à
l'heure, avant de partir, pour dire au revoir et pour me dire aussi que j'étais très gentil. Je lui ai
bien sûr rendu les amabilités en le remerciant de m'avoir accueilli dans le Centre et que les
personnes y sont très accueillantes et disponbiles. Et comme je suis vraiment trèèèèèès gentil,
j'ai ramené ce matin un kilo de ramboustans (haute qualité, donc les plus chers !!) et un kilo
de pommes-goyaves pour Điều, en lui disant de les partager avec ses autres collègues. Ce
qu'elle n'a pas manqué de faire à la pause du matin.
Les horaires sont 8h-11h30 - 13h30-16h30. En général, les docs que je consulte sont des
dossiers administratifs, comme par exemple des dossiers de concession (terres qu'on donne
aux colons pour les cultiver), des recensements d'impôts... En général, je gratte pour recopier
les docs qui m'intéressent. Parfois, je fais une autorisation de reproduction de document qui
part à Hà Nội, donc ça met un peu de temps. Ces deux derniers jours, c'était atelier dessin
devant Hồ Chí Minh. Pour reproduire de belles cartes :o) (j'suis géographe, non ?), je suis allé
acheter du calque et des crayons de couleur !
Le retour du Centre se fait à pied (2 km), l'aller en xe ôm (taxi moto) donc. L'après-midi,
en rentrant à pied, je m'arrête dans une patisserie et je me prends un gateau à la noix de
coco, au manioc ou un semblant de croissant au jambon. Miam miam !!! C'est que j'ai mes
habitudes ici, maintenant ! D'ailleurs, j'ai repéré une marchande de jouets qui fait des gateaux
au manioc presque comme mamy (dieu que c'est bon !!!).
Et les repas alors ? Parce qu'un étudiant, ça besoin de se nourrir ! Ici, il y a trop de
bonnes choses à manger... Mes plats préférés sont le khổ qua (concombre amer farci), le cơm
sườn (riz avec une côte de porc), le bún riêu (soupe au crabe -trop trop bon !!-)... En
général, je privilégie les restos de rue, bien meilleur. D'ailleurs, à bien y réfléchir, je n'en ai pas
fait d'autres... En fait, je tourne un peu dans les mêmes, suivant ce que j'ai envie. Par
exemple, cet après-midi, j'avais trop trop faim. Je suis donc allé me prendre un bún riêu à côté
de l'hôtel. Des pâtes blanches dans un bouillon légèrement sucré, avec des tomates, et
surtout une farce à base de crabes... J'étais déjà allé hier (ou avant-hier, je sais plus). Le
patron, sans doute un peu émêché, m'a proposé de boire du thé avec lui. Il était trop content
de dire à sa femme (la cuisto) que j'étais français, mais elle s'en fichait pas mal :o) Quand il
m'a demandé ce que je faisais, je n'ai pas dit que j'étais urbaniste (ça évoque rien pour les
Việt). Maintenant, je dis que je suis archi !!!!
C'est trop bon le bún riêu
Ah oui, j'ai découvert également un resto végétarien excellent. En fait, ce sont plein de
plats étranges à base de légumes... mais parfois au goût de viande. On vous sert une assiette
de riz avec qqes haricots verts et pommes de terre, et donc, tout un tas de trucs. Alors ça
aussi, c'est bon !!!
Une assiette végétarienne
Tiens, et pendant qu'on parle de bouffe, tout à l'heure je vous ai parlé des
pommes-goyages. En fait, le premier soir où se baladait avec Florent, une dame nous a
proposé de goûter à ses fruits... vert fluo (sans mentir !!). On y a goûté, on a trouvé ça bon,
et elle nous a dit le nom. Effectivement, ça a la même saveur que la goyage. Mais on en
trouve pas beaucoup. Je sais pas d'où ça sort ?
Pomme-goyave du même vert fluo que le termos!
Un truc génial, ici, c'est le marché. On pourrait y marcher des heures sans se lasser.
D'ailleurs, c'est ce que je fais. Comment expliquer... D'abord, il y a un grand escalier qui mène
à un rond-point qui dessert le marché. Ce même marché est à plusieurs niveaux et on peut
aussi y accéder par la rue qui est en haut du grand escalier (vous me suivez ?). Le soir, le coin
est rempli d'échoppes de toutes sortes. Des marchandes de sèches séchées. Des marchandes
de fruits. Des marchandes de maïs et de patates douces grillées (j'ai ma vendeuse atitrée pour
ma patate douce du soir). Des marchandes de produits ethniques. Des marchands de
breloques (des signes en plastique très moches, des trucs qu'on accroche au téléphone, des
fraises en laine). Des marchands de vêtements venus de Chine. Des marchands de fraises,
d'avocats, de choux et de poivrons. Des marchands de lunettes de soleil (alors que c'est sans
doute l'une des régions les moins ensoleillées du VN !!). Des marchandes de brochettes. Un
marchand de croque-monsieur chaud à la Vache qui rit. Tout ça pour des prix dérisoires : 2000
đồng la patate douce, 3000 le croque-monsieur, 2000 la petite brochette, 2000 une super
bonne galette croquante au piment, 4000 le kg de ramboustan (15 000 ceux de haute qualité
!!).
Marchande de maïs à vélo & Notre marchande de sèche
Abords du marché
Le grand escalier
Le grand rond-point, au pied du marché (le grand escalier est à droite)
Le grand escalier, vide à l'approche de la police...
La grande hypocrisie du lieu vient de la police... Lorsque son arrivée est annoncée, tout
les petits marchands disparaissent en moins de trente secondes. Cachés les petits barbecues.
Cachées les petites chaises en plastique rouges et bleues. Les marchands de vêtements
remballent tout dans leur bache et vont se cacher ailleurs... Lorsque j'ai acheté mes
ramboustans hier, la police arrivait, la vendeuse guettait son approche. Avec sa cariole, elle se
réfugiait à l'arrière, dans une sorte de parking. En fait, c'est un jeu de chat et de souris. Car
tout le monde sait que ces marchands ambulants sont là. Ce sont eux qui font l'animation du
lieu. C'est grâce à eux que cet endroit est magique d'ailleurs ! Tout le monde profite de ce
système, les marchands comme les habitants et les touristes. C'est évident que la police, en
civil, vient en profiter aussi. C'est un jeu convenu où la police, dans une démonstration toute
sarkozyenne, vient une ou deux fois par soir, se montrer. Et aussitôt qu'elle part, la vie
reprend son cours, les marchands reviennent, les ambulants réinvestissent l'espace public, à
deux pas du poste de police.
J'ai vu une seule personne résister à la police. Une pauvre dame qui ne peut plus lever la
tête car elle le menton contre la poitrine. Elle vend des cornets de cacahuètes à 3000 đồng.
J'imagine qu'elle est connue ou que son handicap joue en sa faveur car la cảnh sát, garée
devant elle, ne l'embête pas....
Atention, la police est annoncée... Tout le monde est sur le qui-vive...
Ayé, la cảnh sát est arrivée, son fourgon blanc est là
Ce soir, la cảnh sát a trouvé une bonne poire qui ne s'est d'ailleurs pas laissée faire.
Je ne sais s'ils l'ont embarquée ou non, mais en tout cas, la police a dû se prendre une volée
d'insulte... devant les badauds (oui, j'avoue, j'ai fait ma curieuse et je suis allé regarder de
près !)
La marchande de cacahuètes regarde impassible le départ du fourgon de la cảnh
sát
La même marchande, et le fourgon de la cảnh sát qui s'apprête à partir
Demain, je file à Nha Trang. Je devrais retrouver Florent qui lui va arriver des Hauts
Plateaux. Il n'est resté à Đà Lạt que quelques jours.