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Le blogue des Mémou
22 octobre 2003

Presence(s) francaise(s) a Buon Me Thuot : du bon et du mauvais

C'est l'heure de la cyber pause de la journee dans notre cyber pharmacie preferee. Le magasin ou nous sommes est une pharmacie qui a trouve le bon filon en transformant son arriere boutique en cyber cafe. Les jeunes vietnamiens sont friants d'internet, surtout de chat d'ailleurs, Yahoo Messenger et MSN tournent a fond. Ils ont soif de communiquer. En plus, l'heure de connexion est vraiment bon marche, donc accessible, puisqu'une heure revient ici a 4000 dong (1 euro = 17 000 dong). Il est vrai que, par contre, les connexions sont loin d'etre efficaces et rapides, surtout lorsque tous les postes informatiques sont occupes (ici, il y en a 18).

C'est notre troisieme soiree a Buon Me Thuot, donc notre troisieme passage dans cette cyber pharmacie, le jeune qui s'en occupe se souvient bien de nous et nous accueille avec un grand sourrire. Je ne sais pas s'il sait qu'on est francais, quoique ca doit se deviner a force, mais ce soir, nous avons le droit a de grands tubes de la chanson francophone... En ce moment, c'est Jo Dassin qui se demande et si tu n'existais pas. Avant, Alain Delon et Dalida nous ont chantonne Paroles Paroles et Jean-Jacques Goldamn nous dit qu'elle est Comme toi... Tiens, maintenant, c'est Elsa qui se souvient des Jours de neige. La francophonie a encore de beaux jours devant elle...

C'est donc notre derniere journee dans les Hauts Plateaux du Centre. Demain matin, nous partons pour la capitale, au Nord, Ha Noi. On fait le trajet en avion, un Foker ATR 72 a helices. Ca va etre sport car c'est quelque chose quand meme les avions a helices... Une heure pour aller de Buon Me Thuot a Da Nang, dans le Centre, puis de nouveau une heure entre Da Nang et Ha Noi. Nous avons vu notre avion tout a l'heure a l'aeroport de Buon Me Thuot lorsque nous y avons depose Lune qui rentrait ce midi a Sai Gon. Une heure d'avion n'a rien a voir avec 7 heures de car, on a essaye ce moyen de transport, c'est pittoresque, mais voila, on a aussi besoin d'un peu de confort donc maintenant, les grandes distances ce sera en avion. C'est plus cher mais on y gagne en confort et en temps. Par exemple, le trajet Buon Me Thuot - Sai Gon ne coute que 400 000 dong pour Lune (tarif viet, un etranger aurait paye 200 000 dong de plus).

Ce matin, Lune me reveille plusieurs fois a partir de 4 heures pour entendre successivement les cloches de l'eglise, les hauts parleurs qui crachent les lecons de gym et les hauts parleurs qui content les merveilles du socialisme vietnamien... La vie commence vachement tot ici... Marie dors tranquillement, equipee de ses bouchons anti bruit et de son masque sur les yeux (piques a Air France) mais on se fait un plaisir de lui faire partager les delices d'un reveil matinal, c'est-a-dire vers 5h30...

Notre chauffeur est la et nous partons a 6h45 pour le lac Lak. C'est a 60 km au sud de Buon Me Thuot, sur la route de Da Lat. Pas de surprise dans les paysages traverses mais l'emerveillement reste intact. Les collines verdoyantes, les bouts de forets et de jungles, le riz qui seche sur la route, les troupeaux de vaches vietnamiennes qui traversent cranement la rue et qui oblige la voiture a stopper, le fleuve encaisse toujours aussi sombre de sa terre rouge charriee, les petits villages ou vivent quelques minorites evoquees hier...

Nous arrivons une heure apres dans le village de Buon Jun, au bord du lac. Il s'agit d'un village peuple de M Nong, touristifie par le Comite du tourisme de la province de Dak Lak. C'est un village rue avec, de part et d'autre, des maisons traditionnelles, perpendiculaires a la rue, longues, sur pilotis, au toit de chaume (mais de plus en plus souvent en tole ondulee). Les gens y vivent traditionnellement, vetus normalenent, voire plus rarement, notamment pour les anciens, avec des elements traditionnels. La langue M Nong est y parlee, mais il semblerait que les minorites ont l'obligation d'apprendre le vietnamien a l'ecole, leur langue vernaculaire doit l'etre, quant a elle, au sein des communautes villageoises et familiales. Quelques bebettes s'y promenent, canards, poules, cochons vietnamiens (noirs) et un elephant attend patiemment ses deux passageres occidentales.Un buffle nous fait son plus beau sourire et se laisse prendre en photo, tout en machouillant de l'herbe :-P

Un petit tour en pirogue s'impose. Nous grimpons tous les trois dans une pirogue traditionnelle, c'est-a-dire longue et taillee dans un meme tronc. C'est une jeune M Nong qui mene l'embarcation et qui nous fait faire un petit tour sur le lac. C'est un decor de carte postale, le lac, les pirogues dessus qui flottent paisiblement, souvent guidees par une grand mere, les collines boisees en fond de decor, ennuagees, des champs de lotus et des aigrettes blanches qui s'envolent sans bruit. C'est super calme, voir completement silencieux. On apprecie. Et on apercoit, au loin, perchee sur une colline, au bord du lac, une des nombreuses villas que le dernier empereur du Viet Nam, Bao Dai, s'est fait construire dans le pays. Ah, il avait du gout !

Avant de retourner dans la voiture, puis a Buon Me Thuot, nous marchons un peu dans le village de Buon Jun. C'est un peu delicat car comment se comporter face aux minorites ? C'est vrai que nous avons la tentation de prendre en photos ces images et ces instants, mais que dirions nous si des touristes venaient dans nos villages recules de Bretagne, museeifies, prendre en photo les maisons, y regarder a l'interieur, et mitrailler avec les Nikon et autres Canons les grands-meres locales ?

Sur le chemin du retour, nous passons donc a l'aeroport de Buon Me Thuot ou Lune a son avion a 12h. Elle partie, nous voila donc, Marie et moi, livres a nous memes... Une fois a l'hotel, on se repose un peu, on fait un peu de lessive, nos expeditions au fin fond des forets a immacule nos pantalons et nos tennis de terre rouge. Et nous traversons la rue pour manger, comme lors de notre arrivee, de delicieux nem nuong. Dans une galette de riz, vous mettez des feuilles de salades, des fines tranches de carambolle, de concombre et de banane verte, un peu de nouilles blanches, des gousses d'ail confites, un batonnet de galette de riz grille, et un autre de viande de porc grille, et vous trempez tout ca dans une delicieuse sauce a base de cacahuete. Un regal.

Et nous voila partis sur les rues de Buon Me Thuot et nos premiers pas nous conduisent au musee de la revolution, le genre de musee que l'on retrouve dans de nombreuses villes du pays et qui glorifient l'oncle Ho, la republique socialiste et le courage des combattants morts pour la liberation. Ici, a Buon Me Thuot, ce musee a une connotation particuliere car c'est la chute de Buon Me Thuot, en mars 1975 qui, en ouvrant la route aux soldats du Nord a travers les Plateaux, a permis de precipiter la chute de Sai Gon et la reunification du pays. D'ailleurs, un grand monument, presentant des combattants, ouvriers et paysans, hommes et femmes, en haut d'un immense totem, au bas duquel se trouve un char surmonte du drapeau national, rouge, frappe d'une etoile jaune, veille sur la ville, au milieu d'un grand rond-point, ou de nombreux vietnamiens se font photographier. Le musee, en pas tres bon etat, et sous la bienveillance de Ho Chi Minh, offre quelques rappels geographiques et geologiques de la region de Dak Lak, quelques malheureux animaux des forets (mal) empailles, des photos presentant des heroiques minoritaires ayant collabore avec les soldats du Nord, et enfin des photos des guerres contre les Francais, mais surtout contre les Amercains.

Par contre, un peu plus loin, beaucoup plus interessant, quasiment cache dans la ville, et oublie du Lonely Planet, se trouve l'ancien centre penitier francais de Buon Me Thuot. L'ambiance est particuliere et nous avons l'impression de rentrer dans un sinistre camp de concentration, avec son mur d'enceinte, ses tours de gardes et les differents batiments, notamment ceux destines aux prisionniers de droit commun et politiques. Dans un batiment sont exposees de nombreuses notes ecrites par les responsables francais du Protectorat d'Annam sur la construction du centre, et surtout sur quelques evenements du centre, notamment les greves de la fin et les revoltes des prisonniers.

Nous visitons ensuite les cellules ou les prisonniers etaient enchaines dans d'epouvantables conditions : piece individuelle toute petite, peu large, avec juste une planche en bois au bout de laquelle une latte en bois menottait les pieds, et surlaquelle pendouillent deux tubes en bambous, un pour l'eau, et l'autre pour l'evacuation des dechets naturels... Dans la cour, trois enormes boules de pierre, avec une chaine en fer deja a elle seule tres lourde, ont ete conservees. Dans d'autres batiments, nous voyons des cellules ou ce sont deux prisonniers qui etaient alites sur la meme planche, et accroches a la meme latte de bois. Bref, un pas tres beau souvenir de l'administration coloniale et des Francais, par ailleurs fondateurs de la ville de Buon Me Thuot, dont la creation a ete justifiee par la fertilite des sols, et ou, avec force, les pionniers francais ont fait deffricher les collines des Plateaux (les Americains le feront aussi a leur tour, plus tard, avec d'autres moyens, oranges notamment, et dans d'autres conditions), et exploiter les populations minoritaires locales dans les plantations de cafeieirs.

Malgre tout, un poignant objet de visite apres lequel nous nous baladons dans les rues animees de Buon Me Thuot. Marie et ses cheveux rouges attirent le regard des gens. Nous faisons le spectacle et quelques enfants nous envoient des Hello attendrissants.

Bien, c'est l'heure de manger, la chanson francaise a laisse place a des tubes dances des annees 90 et a quelques boys band...

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